Un témoignage de terrain

[Pascal GILBERT]

Bonjour,

Si vous le permettez, j’aimerai apporter un témoignage de terrain sur la mise en place du nouveau protocole des intermittents du spectacle qui n’est que la prolongation de celui de 2003. Je tiens à préciser pour être tout à fait honnête, que pour l’instant je suis un intermittent qui a la chance de ‘bien travailler’, c’est à dire de faire ses cachets ou ses heures comme on dit sans problème.

Et c’est justement là que le bât blesse parce que finalement si on connaît malheureusement bien maintenant le sort de ceux qui n’ont pas pu faire leurs heures, on connaît moins bien le sort des autres. Même si notre sort est enviable, je le reconnaît par rapport à nos camarades exclus.

Je m’explique, j’ai eu la chance de jouer en l’an 2006 dans plusieurs pièces dans un théâtre privé, ce qui signifie en clair, des répétitions payées (ce qui n'est pas si fréquent) et des mois ou l’on joue tous les soirs (sauf le lundi de relâche) avec matinées supplémentaires deux fois par semaine, ce qui nous donne 32 cachets en moyenne.

Or un règlement limite le nombre de cachets à 28 et j’ai appris dernièrement au téléphone avec l’ASSEDIC que le nombre d’heures par mois était limité à 208. Or si vous faites le calcul de 32 cachets x par 8 heures cela donne un total de 256 h soit 48 h qui passe à la trappe par mois. Et d’un seul coup je repense au Monsieur qui veut se présenter à la Présidence et au MEDEF et qui nous serinent que « ceux qui veulent travailler plus doivent pouvoir le faire et que le travail doit être récompensé etc.… » On va me répondre c'est la solidarité, etc. demandez donc aux copains qui sont exclus ce qu'ils en pensent de la solidarité.....

Autre effet pervers du système très bien étudié dans les sphères technocratiques, lorsque vous devez renouveler votre « statut ». Le système de la date flottante fait que de toute façon si vous travaillez « plutôt régulièrement » ce qui pour un intermittent est tout relatif, vos droits sont toujours repoussés , ce qui fait que vous perdez des pans entiers de travail parfois bien rémunéré pour vous retrouver avec le dilemme suivant, j’abandonne des jours d’indemnisations pour ne pas « perdre une période de travail faste » ou j’abandonne cette période en gardant mes jours d’indemnisation jusqu'à épuisement en prenant le risque de ne pas avoir assez d’heures pour renouveler mon statut. Je sais bien que l’on ne travaille pas pour toucher des ASSEDIC…mais finalement l’effet pervers du système c’est bien ça, on devient des comptables, des calculateurs et on travaille pour retrouver ce cher statut « privilégié des ASSEDIC » et ce qui devrait être le cadet de nos soucis devient en fait une obsession.

En effet, les artistes et techniciens en général ne sont heureux que lorsqu’ils travaillent, qu’ils sont sur scène, ou sur un tournage et qu’ils font leur métier.

Finalement on nous a appliqué une recette technocratique et comptable qui ne correspond pas à la réalité de nos métiers et personne n’a écouté tout le travail fait par les coordinations, associées à des parlementaires, des syndicalistes de terrain et qui avaient des solutions.

Les 3 principaux reproches fait à l’intermittence étaient :

1/ le déficit de 800 millions d’euros d’ailleurs jamais vérifié et très contestable

2/ les fraudes et l’abus du statut intermittent

3/ le nombre croissant d’intermittents

Après trois années de fonctionnement le déficit est toujours là, les fraudes et abus au statut sont toujours là, merci les chaînes de télévisions françaises publics et privées entre autres, il n’y a que le nombre d’intermittents qui a été réduit et à quel prix, 35 000 d’entre nous se retrouvent éjectés, Allez hop…….dans « le meilleur des cas » fonds de soutien, une fois seulement et après au RMI et même sans rien du tout.

Des jeunes comédiens qui rament, qui ne peuvent accumuler de l’expérience et qui à un moment ou à un autre manqueront sur les scènes, dans les compagnies ou dans les différentes productions.

Ca ressemble à un massacre, ça a le goût d’un massacre et c’est bien d’un massacre qu’il s’agit, on reproche à l’intermittence de coûter cher, d’avoir trop de profiteur et de fraudeurs et je ne sais pourquoi d’un seul coup d’un seul, je pense à nos très chers hommes politiques…

1/ Ils coûtent cher et même très cher, au budget de la république. Budget de l'Élysée, de l'Assemblée et du Sénat en augmentation constante sans réel contrôle tout comme les budgets des ministères, sans parler des cagnottes secrètes.......et du régime spécial de leur retraite.

2/ Les corrompus avec valise de billets et fraudeurs en abus de pouvoir, de biens sociaux, emplois fictifs…Juppé et dernièrement Bédier, Mancel, Dominati (Fraude reconnue mais relaxé, c'est magique !!!), rassurez-vous il y en a à gauche aussi MNEF ; URBA.......

3/ Le nombre de profiteurs des fromages de la République est en augmentation croissante, le pantouflage (profiter de ses relations lors d'un passage dans un ministère pour aller dans le Privé) pratique illégale mais tellement pratiquée. Tout comme le nombre de députés, sénateurs, conseillers généraux et en tout genre qui cumulent avec avantages à la clé, etc.

Et si, on appliquait la même recette au statut d’homme politique, finalement….avec véritable contrôle, vérification des comptes, application stricte de la loi, allez, rêvons un peu... Ils vont répondre la sanction c'est les URNES, et justement non ! Plus on a de casseroles et mieux on est élu ou réélu, Juppé, Balkani, Frèche, Carignon, Fabius (responsable mais pas coupable) excusez-moi de ne pouvoir tous les citer....

Ce qui contrarie ces élites c'est le saltimbanque*, l'artiste qui dérange et dérangera toujours avec ASSEDIC ou pas et ça, ça me rassure !!!!!


Pascal GILBERT, Comédien.

*Je ne parle pas bien évidemment de ceux qui viennent manger dans leur mains Doc..... ou qui se barrent en Suisse !!!!!!!

[tomtom et nana]

Juste une pensée
Sommes-nous plus libéraux que Sarko ?
http://archives.lefourneau.net/rue/rue- ... 00276.html

Imagine un employeur.
Imagine-le comme tu veux (gros avec un cigare, un haut-de-forme, en costard... à toi de voir).
Disons qu'il fabrique des voitures, disons que ce sont des voitures de course au sein de l'écurie Méboul (anciennement Méglawi).
Admettons que tu sois mécano (imagine-toi en bleu de travail, un peu de cambouis sur la joue... un petit côté glamour-prolo, nice !)
Supposons que l'employeur t’embauche, toi le mécano...
Dans ces termes précis : "Mon petit, tu es passionné de mécanique, moi aussi, or l'écurie n'a pas de thunes, mais il va falloir travailler dur, jour et nuit pour que la voiture soit prête le jour de la course... Ce jour-là, Motul, Antar, Esso et Vulco seront dans les tribunes.Si on fait une belle course, on aura les moyens de faire tout le circuit !!!
Bon, le jour de la course, tu seras payé 12 heures..."
Toi, mécano, tu es passionné... Le gras plein les doigts, t'aimes ça. Les moteurs, c'est ta passion, alors tu y vas, tu changes les bougies, tu obéis à tout ce que dit l'employeur. Tu pompes, astiques, visses, dévisses, boulonnes... Puis, le jour J, après quelques 500 heures passées sur le bolide rutilant, tu vas enfin toucher tes 12 heures... Une centaine d'euros et des brouettes !!! C'est pas dommage !
T'as plus de thunes, les nouilles aux spaghettis, t'en as marre...
Mais, aujourd'hui c'est ton jour : une Catherine's t'a fait à bouffer dans la tente de l'écurie, tu as ton beau costard de changeur de pneus du pit-stop, les gens te regardent avec envie, t'es sur la piste !
Le pilote est merveilleux, il roule comme un as, t'as changé les pneus comme jamais, même à l'entraînement tu n'as pas été aussi bon, le bolide arrive 2ème, le pilote a gratté des as des as de la piste, des stars quoi !
Il asperge de champagne toute son équipe, ton costard est niqué.
À vous la gloire !! L'écurie Méboul va enfin devenir célèbre !
C'est des as, tout le monde est bon, à sa place, l'équipe marche bien, le vent est en poupe, le pilote ivre-mort vient de vomir sur tes pompes...
Tiens, voilà le Big Boss qui arrive, il vient de tchatcher avec les Motul-Antar-Esso-Vulco... Silence, on l'écoute...

"Bon finalement, on a trouvé une course en Charente et peut-être une autre dans les Landes... Va falloir se serrer la ceinture les p’tits gars, la préparation ne sera pas payée tout de suite... Pour la Charente, tout le monde sera payé, pour les Landes, faut voir, je bataille.. ça viendra peut-être."

Croyez-vous qu'un mécano accepterait cela ?
Comment sommes-nous arrivés, dans cette profession, à accepter des conditions similaires à l'écurie Méboul ?
Les difficultés qu'endurent les compagnies sont-elles dues à un manque d'argent ou un manque d'enthousiasme des diffuseurs ?
Les deux... ?
Ce consensus mou est-il vécu par d'autres que moi ?
Ou suis-je un extra-terrestre professionnellement dépressif ?

Bonnes fêtes à vous tous.
Philippe C.

[scarlett]

bONJOUR
j'ai une question particulière : je voulais savoir que deviennent les heures qui vont au delà des 507 heures.... Si lors du calcul des heures on a 700 heures, est ce les 200 heures restantes se cumulent avec le prochain calcul des heures???
Merci de votre réponse

[fabry]

auparavent, plus on faisait d'heures, plus l'alocation chomage augmentait selon des seuils bien precis.
Je crois que ce systeme est maintenu mais si Pascal peut nous en toucher un mot... ?

[tomtom et nana]

bonjour,

le calcul de tes heures est très simple et surtout très compliqué. Je détaille un peu celui pour lesTechniciens/Ouvriers.

lors de ton rendez-vous avec les assedic; qd tu penses avoir ton taf d'heures; le dernier jour déclaré est le point de départ de la période pris en compte.
Pendant 10 mois (la période) avant cette dernière date, toutes tes heures sont prises en compte.
Le fameux stade des 507 heures doit être atteind pour que tu sois indemnisé. Le calcul de ton indemnité (taux horaire et taux journalier) sera fait suivant ton nombre d'heure et suivant le salaire. Plus tu auras d'heures, plus ton taux sera haut; donc toutes les heures à partir de 507 et plus, tout est pris en compte, bien entendu dans la période.

Si ton dossier est accepté (stade des 507 heures dépassé) tu es sous le régime des intermittents du spectacle.
Tes indemnités sont valables pour 243 jours. Elles ne sont pas fixes en durée. C'est à dire que lorsque tu bosses, par exemple tu déclares en mars 10 jours travaillés, 21 jours d'indemnités te seront donnés. Les 10 autres sont reportés et ainsi de suite...normalement.

Il y a maintenant un nouveau un système qui permet d'augmenter la période. Si tu t'apperçois que tu arrives pas tout à fait à 507 et que tu as travaillé le mois suivant, il te faut avoir travaillé 50 heures (ou 45 pour les artistes) dans ce même mois pour qu'il soit pris en compte et ainsi de suite, 50 par mois que tu veux rajouter à la période initiale.

Voilà j'espère avoir été clair. Mais si Pascal peut faire la partie Artiste. Merci.
Tom.

[LPM]

Moi qui ne suis pas concerné, je peux fanchement vous dire que pour le néophyte tout ce que vous expliquez est imbittable... Ce qui à mon avis est une volonté du système.

[tomtom et nana]

[Thorn]